Je n’arrête pas en ce mois de janvier. Avec un concert/spectacle par semaine, je sors beaucoup pour aller écouter les amis. A cette occasion, je reviens au théâtre du Châtelet pour entendre mon prof d’alto et un ami violoncelliste jouer le Barbier de Séville avec l’ensemble Matheus.
Nous étions installées à l’arrière de la corbeille de 3/4 côté jardin. Nous ne voyions donc pas une partie de la scène côté jardin et la quasi-totalité de la fosse d’orchestre. Même sans connaître l’argument général de l’opéra, l’ouverture et la plupart des grands airs constituent des tubes de la musique classique. Avec l’ouverture, on rentre donc confortablement dans l’œuvre sans appréhension.
Le volume général de l’orchestre ne m’a pas particulièrement gêné étant donné que l’acoustique du théâtre est suffisamment claire et que la distribution vocale n’aurait pas supporté un ensemble trop présent. En effet, particulièrement le ténor Bogdan Mihai dans le rôle du Comte Amalviva manquait décidément d’ampleur vocale. Les chanteurs ont tenu honorablement leur partie sans faire d’étincelle particulière. J’aurai une note pour le piano-forte qui dans les récitatifs a été inventif et a su donner du caractère à chacune des scènes qu’il accompagnait.
On passe tout de même une bonne soirée pour l’aspect théâtral de l’opéra. En effet, l’œuvre débute par une fluide et intelligente installation du décor par les danseurs. Certes, par la suite, le décor donnera une impression statique jusqu’au basculement du noir et blanc à la couleur. La mise en scène s’appuie sur le caractère de folie de la situation et les chanteurs s’investissent totalement dans leur jeu d’acteurs comme Giovanna Donadini dans le rôle d’une Berta un peu dingue. Ainsi, le spectateur peut prendre plaisir à l’intrigue du Barbier, surtout dans le second acte, même si le chant n’est pas vraiment au rendez-vous. La troupe de danseurs espagnoles joue un rôle important dans le spectacle et j’ai beaucoup aimé le dernier tableau aux couleurs de bonbons acidulés où le public a eu droit à un vrai numéro collectif de flamenco.
D’ailleurs, le public a apprécié puisqu’il a repris le rythme obstiné qui a permis à deux danseurs de la troupe de nous offrir une improvisation de flamenco. Le dernier numéro a ensuite été bissé avec le chef, Jean-Christophe Spinosi, qui dansait à sa manière sur scène avec le reste de la troupe en dirigeant son ensemble en fosse.
Finalement, j’aurai passé une soirée agréable au théâtre et vers la fin de l’opéra, j’ai fait un parallèle entre le Barbier de Rossini et mon opéra préféré, les noces de Figaro de Mozart. En effet, comment ne pas se projeter dans cette autre œuvre à entendre les serments d’amour enflammés du jeune Comte qui ne les respectera pas par la suite ? On sent à la fin du second acte la morgue de l’aristocrate sûr de son bon droit qui préfigure le personnage des noces. Personnellement, je me suis fait la réflexion qu’enfermée et avec peu de choix, Rosine s’est mariée sans connaître son futur époux mais uniquement en le jugeant sur sa bonne figure.